II - La testostérone exogène


Les sportifs utilisent la testostérone synthétique pour bénéficier de son rôle anabolisant, c’est-à-dire pour accroître leur force musculaire et augmenter leur agressivité.
Cette testostérone, vendue sous forme de comprimés, de patchs, de crèmes, est obtenue par hémisynthèse à partir de stéroïdes végétaux.

Cette substance a été interdite par le Comité Olympique et Sportif en 1974.

En chimie, une hémisynthèse est la synthèse d’une molécule réalisée à partir de composés naturels possédant déjà une partie de la molécule visée.
Dans le cas de la testostérone, cette partie commune est le noyau stérol. En effet les stéroïdes partagent tous ce même squelette de base.


Afin de fabriquer cette testostérone synthétique, on a recours à des produits bon marché et abondants, le soja constitue une source de matière première non négligeable.


L'action anabolisante de la testostérone sur la cellule musculaire

Afin de mettre en évidence les effets anabolisants de la testostérone et de ses dérivés, nous nous sommes penchés sur des études mentionnées et expliquées dans des livres portant sur le sujet.

Ces études étant soit les mêmes, soit de même nature, nous en avons fait ici la synthèse et la traduction.
On a effectué une étude sur des haltérophiles ( hommes ), prenant d'importantes doses de stéroides, de leur propre chef, sur deux périodes de six semaines chacune, séparées par un intervalle de six autres semaines sans traitement. Autrement, il n'est pas possible d'effectuer des études très poussées, les doses injectées n'étant pas significatives.
La moitié des patients ont reçu un placebo pendant la première période de traitement et des stéroides durant la seconde. L'autre moitié effectuant l'inverse.
A l'analyse des résultats, ceux-ci ont montré que sous le traitement des stéroides les haltérophiles
avaient accru significativement leur poids total, leur masse maigre, le nombre de marqueurs de masse maigre ( potassium et azote), la taille de leurs mucles et la force des jambes. ( voir graphique ci-dessous )
Ces augmentations n'ont pas eu lieu durant la période sous placebo.


Dans une seconde étude, ont été observés les changements dans la composition du corps chez un

bodybuilder et un haltérophile, suivant un lourd traitement stéroidien.

Pendant 140 jours, pour le premier et 125 pour le second.

A l'issue de l'étude, la masse maigre avait augmenté en moyenne de 19,2 kg, et la masse grasse avait

diminué de presque 10 kg.

 

On a également mis en relation dosages et changements dans la masse maigre. On constate alors une augmentation minime de cette dernière ( de 1 à 2 kg ) avec de faibles doses.

 

Mais, avec des doses élevées, la masse maigre augmente de façon significative, avec la mise en évidence d'un seuil d'efficacité situé à environ 9 grammes par jour. ( voir graphique ci-dessous)


Une troisième étude, effectuée à des doses supraphysiologiques, sur la taille du muscle et la force chez des hommes non-sportifs, mais également chez des haltérophiles.

Quarante hommes ont été soumis à cette étude, répartis dans les groupes suivants :

 

placebo, sans exercice

placebo, avec exercice

testostérone, sans exercice

testostérone, avec exercice.

 

A ces hommes, ont été donnés 600 mg de testostérone énanthate ou un placebo, administrés par voie intramusculaire, chaque semaine des dix que comptaient l'étude.

Les groupes réalisant de l'exercice physique étant soumis à un entrainement trois jours par semaine.

La composition du corps a alors été évaluée par pesée hydrostatique. La taille des triceps et quadriceps, mesurée quant à elle par IRM. Pour la force du haut et du bas du corps a été utilisée la technique d'une répetition maximum.

Le groupe soumis aux injections de testostérone,  complétées par de l'entrainement ont montré les plus grandes augmentations de masse maigre, des taille et force des triceps et quadriceps, alors que le groupe "placebo, sans exercice" n'a pas montré d'évolution. Pour comparer les autres résultats, reportons nous sur le graphique réalisé.

Les effets anabolisants de la testostérone étant avérés, il s'agit maintenant, d'expliquer son action au niveau cellulaire.

Comme nous pouvons le voir ci-dessus, l'hormone entre dans la cellule, sa qualité de stéroïde le lui permettant.

Elle se fixe à un récepteur intracellulaire spécifique, dans le cytoplasme, formant ainsi un complexe testostérone/récepteur. Ce complexe entre dans le noyau de la cellule musculaire.

Une fois dedans, il se lie à l'ADN, et le processus de transcription est stimulé, avec alors une augmentation de la quantité d'ARN messager formée. Ce dernier quitte le noyau et se lie à l'ARN ribosomique dans le cytoplasme.

Alors s'effectue la traduction de l'ARN messager, et la synthèse protéique dans l'appareil de Golgi de la cellule.

Ces protéines supplémentaires sont ensuite réunies pour augmenter la taille de la cellule musculaire. La testostérone endogène prolonge et amplifie un processus anabolisant naturel : synthèse de protéine et assimilation de celles-ci.





Mais poursuivons avec le muscle et intéressons nous à la prolifération des cellules satellites, des noyaux des fibres musculaires ainsi qu'à l'inhibition d'un processus catabolique.


Une nouvelle étude a été menée, et celle-ci a montrée une liaison entre la testostérone et la prolifération des noyaux dans les fibres musculaires, qui en effet en possèdent une multitude.

Ceci, dans le même temps qu'une augmentation des cellules satellites, expliquant d'ailleurs la première évolution. Ces dernières se multiplient, stimulées par la testostérone, se différencient en myotubes et sont ensuite agrégées au muscle, devenant des fibres musculaires. Ce sont ces capacités de prolifération et de transformation qui leur donnent cette qualification de myoblastes.


En plus de stimuler l'anabolisme, la testostérone endogène a une seconde action, inhibitrice au cours de l'exercice, sur une hormone stimulant la dégradation protéique : le cortisol. Ce qui ne fait qu'ajouter à la première conséquence et augmenter d'autant plus la masse musculaire.


Dans le tissu osseux, la testostérone se lie au récepteur dans les ostéoblastes, ainsi stimulés pour incorporer calcium et autres protéines dans le nouveau tissu osseux. Ce qui augmente la densité minérale et la force des os.


Dans les globules rouges ou hématies, la liaison résulte en un accroissement de la concentration d'hémoglobine. Et cela marche également en synergie avec l'érythropoïétine, mieux connue sous le nom d'EPO pour augmenter la formation des hématies et le volume de sang total.



Ce qui explique donc l'intérêt qu'on les sportifs d'endurance pour celle-ci. En effet, le poids étant une variable non-négligeable pour ces derniers, cherchant toujours à être les plus légers possibles, on peut s'interroger sur ce qui amène les tricheurs, à consommer de la testostérone.

Or, nous savons, qu'il faut doubler cette consommation d'un régime protéique particulier, pour qu'elle entraîne une prise de masse musculaire significative.

Ils bénéficient donc des effets précédemment évoqués qui leur permettent un meilleur transport de l'oxygène, car c'est le rôle des hématies (l’oxygène se lie à l’hémoglobine)

Afin de fournir en oxygène les divers organes utilisés lors de l'effort et ainsi mieux endurer ce dernier.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, l’entraînement en est facilité pour ceux désirant une prise de masse musculaire, ce qui crée alors un cercle vertueux.